vendredi 27 février 2015

Helmut Newcake

C’est dans des tons pastel, épurés et lumineux que Marie et François Tagliaffero ont ouvert leur deuxième pâtisserie sans gluten Helmut Newcake, en juin 2014. L’occasion de savourer les classiques de la pâtisserie française comme la tarte au citron, la religieuse, l’éclair ou l’Opéra, le tout réalisé à base de farine bio certifiée sans gluten. La gourmandise est l’objectif premier que se fixe Marie, la chef pâtissière, elle-même intolérante au gluten. De sorte que chacune des pâtisseries créées est un plaisir pour l’œil et pour les papilles, qu’elles soient céliaques ou juste gourmandes.


 


helmutnewcake La pâtisserie


Le couple s’est rencontré lors de leur licence en management hôtelier. Pour Marie, grande gourmande, la pâtisserie a toujours été sa passion, son rêve.


 


Marie fait des gâteaux depuis qu’elle est petite. Elle aime le goût et le plaisir qu’ils procurent.


 


Durant ses études, elle choisit de faire ses stages dans la pâtisserie et une fois sa licence en poche, elle commence à travailler chez Lenôtre. À vingt ans, alors qu’elle développe de plus en plus de symptômes alarmant, Marie découvre qu’elle est Celiac, totalement intolérante au gluten. Elle arrête donc la pâtisserie et avec François, ils décident de partir à Londres travailler en restauration (4 ans). Un tournant décisif dans sa carrière.


 


helmutnewcake François Tagliaffero


À l’époque en France, les produits sans gluten n’étaient pas bons alors qu’en Angleterre, Marie a vu que ça pouvait être beau, fun et bon !


Dès lors, Marie recommence à faire de la pâtisserie, mais d’abord pour elle, testant de multiples recettes dans leur cuisine. Autodidacte et curieuse, elle décortique la farine sans gluten pour la comprendre et voir comment elle réagit aux différents composants. En vraie gourmande qui avait l’habitude des pâtisseries avec gluten, elle recommença ses recettes jusqu’à avoir un résultat optimum : ne plus voir de différence entre le sans gluten et le gluten.


 


De là, on s’est dit qu’il y avait vraiment quelque chose à faire !


 


 


helmutnewcake Tarte à la rhubarbe


Il aura donc fallu un an avant que leur projet d’ouverture de leur première pâtisserie se fasse en 2011. Le grand défi pour Marie a été de réussir son fondant au chocolat, un classique des plus gourmands mais aussi le plus dur à réaliser avec du sans gluten. Après avoir retravaillé sept fois la recette, le résultat était à la hauteur d’un bon fondant qui se respecte !


 


Elle ne voulait pas d’aspect sablonneux ni d’arrière-goût. Une fois le fondant réussi, ça a été le déclencheur pour les autres pâtisseries.


 


 


helmutnewcake Fondant au chocolat


Trouver les bons fournisseurs qui proposent des produits bios certifiés sans gluten n’a pas été de tout repos pour le couple. Peu développés en France, ils se sont principalement approvisionnés à l’étranger. Ils travaillent avec des farines bio et sans gluten qu’ils mixent entre elles. On retrouve notamment de la farine de riz, de tapioca, de maïs, d’amande, de noisette ou de noix de coco.


 


Maintenant que le gluten s’est développé en France, chaque fois qu’on le peut, on prend un produit local.


 


Aujourd’hui, ce sont donc vingt-cinq références de pâtisseries que la maison propose, ainsi que du pain (à base de farine de riz-maïs et tapioca) et du thé sans gluten.


 


helmutnewcake Pains sans gluten


On défend vraiment le goût. On ne veut pas que les gens se sentent punis de ne pas pouvoir manger de gluten et inversement on veut prouver qu’une pâtisserie peut être sans gluten et très bonne.


 


Côté pâtisseries, on retrouvera des classiques de la pâtisserie française, comme Madame de Fontenay, une religieuse au chocolat ou au café, la crème au beurre remplacée par une meringue italienne.


 


helmutnewcake Madame de Fontenay


 


Ou encore les éclairs au chocolat ou au caramel beurre salé, moelleux et crémeux.


 


helmutnewcake Éclairs chocolat et caramel beurre salé


Ce qui me plait, c’est ce savoir-faire français qui n’a aucune limite ; une véritable mine d’or !


 


Marie aime créer de nouvelles choses et surprendre les clients, avec des pâtisseries originales et gourmandes. Le Symphonie en est un bon exemple, monté comme un Opéra, il combine les saveurs de la pistache, de la framboise et du chocolat blanc.


 


helmutnewcake Symphonie


La valeur du travail est très importante pour nous.


 


La tarte Noisette-Passion représente bien la maison : du bon et du beau. Une pâte sablée noisette, un crémeux noisette et un crémeux au fruits de la passion.


 


helmutnewcake Tarte noisette-passion


Un clin d’œil à nos voisins anglais, le Carrot Cake, monté comme un millefeuille, avec un biscuit aux épices, de la carotte et un fromage frais sur le dessus.


 


helmutnewcake Carrot Cake


Marie et François donnent une belle leçon de gourmandise, avec des produits sans gluten, beaux et bons, de sorte qu’ils touchent tout le monde : des intolérants aux gourmands. Ils aiment surprendre et repousser sans cesse les limites de la pâtisserie. Régalez-vous ! 


 


 


Camille Baudoin

Marion Gordien.


Journaliste/JRI /photographe/ marion.gordien@guidedugout.fr



Helmut Newcake

jeudi 26 février 2015

Panifica

La lumière jaillit sur les nombreux pains et fait ressortir leur couleur, propre à chacun, tous nuancés de doré, de marron ou de beige. On ne peut que remarquer la justesse de leur cuisson et la diversité des formes. C’est donc dans un lieu ouvert avec vue sur le Sacré Cœur que François Brault et sa compagne Gaétane Raguet ont ouvert en février 2013 leur boulangerie : Panifica (« Boulangère en Latin »). Le style industriel de la boutique fait tout le charme du lieu, avec des produits authentiques, tous à base de farine Bio. L’ingrédient de la maison et le secret de leurs pains? Le levain.


 


panifica L'intérieur de la boulangerie Panifica


Né dans une famille où la gastronomie est importante, François a d’abord embrassé une carrière d’ingénieur en composants électroniques puis d’analyste financier. Sans délaisser son goût pour la cuisine, il se rend occasionnellement dans les grandes tables parisiennes tel que le Crillon et recouvre, le temps d’une soirée, un poste de commis.


 


Je le faisais pour m’amuser et apprendre aux côtés de grands chefs tel que Christian Constant.


 


Quarante-neuf ans signe pour lui la fin de la finance et le début d’une nouvelle histoire.


 


Il a fallu que je me retrouve et que je me réinvente.


 


 


panifica François Brault, boulanger


Les pieds sur terre et une curiosité toujours alerte, il se lance dans une formation de pizzaïolo puis de boulanger.


 


C’est le travail de la pâte, le choix des farines et les techniques utilisées qui m’ont attirés.


 


François aime décortiquer les techniques, comprendre tous les composants d’un produit et l’expérimenter à sa façon, comme un chercheur le ferait avec un projet. C’est pourquoi dans son quotidien, il observe les différentes manières de travailler et apprécie d’autant plus de voir les erreurs faites dans la fabrication d’un pain.


 


Une fois que l’on voit les erreurs, on comprend mieux les enjeux de la fabrication du pain.


 


 


panifica Sélection de ses pains


 


Déterminé, il enchaîne pendant deux ans les stages de perfectionnement auprès de MOF comme Anis Bouabsa, qui lui a transmis son amour du métier et le respect du produit. Après deux ans de formation, de réflexion et de recherche, François finalise son projet et ouvre avec sa compagne Gaétane leur boulangerie, Panifica.


 


Dès le départ, on a choisit de s’orienter vers le Bio, en choisissant les farines du plus grand moulin bio de France : la minoterie Suire. 


 


Faire bon, beau et bio, tel est la volonté de François, qui défend le fait maison et un bon rapport qualité-prix.


 


panifica François et son équipe


On prend les meilleurs ingrédients comme du beurre AOC, du sel de Guérande, du jambon du Prince de Paris, de la farine bio…


  


Le levain est une de leur croisade, l’ingrédient indispensable aux yeux de François pour avoir un pain qui a du goût, qui se digère et qui se conserve.


 


Je veux montrer qu’on peut incorporer à un pain du levain sans avoir un goût trop puissant en bouche.


 


 


panifica Alouettes


Du levain naturel, on en trouve dans tous ses pains, y compris ses baguettes. François a pour cela quatre sortes de levains liquides, du classique au sans gluten, au plus acide et plus doux, qu’il dose pour chacun de ses pains. Le secret d’un bon pain est le temps : laisser la pâte fermenter entre un et trois jours, un bon levain et une bonne eau purifiée. La maison offre des pains globalement bien cuits pour un croustillant en bouche au top.


Tourte de Seigle en est un bon exemple, avec une croûte bien caramélisée. 


 


panifica La Tourte de Seigle


 


Ce qui me plaît, c’est de faire de bons produits et avoir la satisfaction de créer quelque chose.


François se tient aussi alerte à la demande et propose des pains naturellement sans gluten, comme le Suédois, « le plus gourmand des pains sans gluten » : farine de sarrasin, fécule de pommes de terre et graine de tournesol.


 


panifica Le Suédois et le Naturellement sans Gluten


On essaie d’être raisonné et d’offrir un pain relativement gourmand.


 


Il propose aussi toute une gamme de pains sans gluten au levain, une alternative pour les intolérants au gluten, qui ne manquera pas de surprendre. En effet, le levain facilite la digestion du pain et du gluten et permet donc de ne pas déclencher les symptômes liés à l’intolérance.


 


panifica Novégien : grand épeautre, farine de seigle et beaucoup de graines


 


François est accompagné d’un second boulanger avec qui il réalise ses recettes. Aujourd’hui ce sont une vingtaine de pains qui sont proposés, du gros pain de campagne au format individuel, pour ravir assurément toutes les papilles.


 


On veut des goûts francs, autant dans nos pains que dans nos pâtisseries.


 


Côté pâtisseries, c’est là aussi une vingtaine de références qui sont proposées, uniquement au format individuel, avec également une grande gamme de viennoiseries.


L’occasion de goûter à la fameuse tartelette banane aux deux crèmes ou la tartelette pistache-framboise :


 


panifica Tartelette pistache-framboise


Les galettes aux fruits de saison :


panifica Galettes aux fruits de saison


Ou encore de se laisser séduire par le look atypique de la tarte aux fraises :


 


panifica Tarte aux fraises


 


Reconversion réussie pour François. Le beau, le bon et le bio sont au rendez-vous, avec toujours une pointe de surprise dans les créations. Une authenticité, un respect des produits et un goût franc tels qu’on les aime.


 


Camille Baudoin

Marion Gordien.


Journaliste/JRI / marion.gordien@guidedugout.fr



Panifica

mercredi 25 février 2015

MOF : La crème des fromagers

Après six heures trente d’épreuves, la cinquième édition du Meilleur Ouvrier de France classe Fromager s’est conclut par la consécration de deux candidats au titre de MOF 2015 : Ludovic Bisot et Marc Janin. Ils sont aujourd'hui dix-huit à avoir le titre.


 


Être MOF, c’est l’excellence professionnelle, toujours s’améliorer ; la motivation est toujours intacte. Christian Janier, MOF 2000.


 


 


MOF FROMAGER Oeuvre d'Aurore


 


Le Guide du Goût était donc présent à la finale qui se déroulait au Salon de l’Agriculture, lors de l’épreuve de réalisation du chef-d’œuvre. Le thème : « Retour vers le futur ». L’occasion pour les candidats de laisser aller leur créativité et de mettre en avant leur connaissance des terroirs. Avec vingt-cinq fromages AOP imposés, ils pouvaient en utiliser jusqu’à plus de cinquante. Le jury, composé de professionnels du milieu et de MOF des années précédentes, jugent durant ces trois heures leur maîtrise des produits, le respect des gestes professionnels, leur organisation et leur créativité.


 


MOF FROMAGER Oeuvre de Clément Brossault


 


Le titre de MOF, c’est comme une appartenance à une famille. Christian Janier, MOF 2000.


 


Retour sur les deux nouveaux MOF de cette promotion :


Ludovic Bisot et sa réalisation magistrale d’un chemin de fer. Chaque détail à son importance : du train qui transporte ses fromages dans ses wagons, au chèvre glissé dans un cadran d’une montre à l’ancienne, ou encore ce petit oiseau qui sort de ce morceau de fromage d’Alpage affiné de 14 mois : un retour en enfance assuré !


 


MOF FROMAGER Oeuvre de Ludovic Bisot


 


Le fromage est un champ infini de rêves et de création.



Ludovic Bisot, Icaunais et installé à Rambouillet, a choisi de se reconvertir dans l’univers du fromage, par passion pour ce produit, mais aussi pour être indépendant dans son travail.


MOF FROMAGER Ludovic Bisot en pleine préparation


 


Pour moi le fromage, c’est une tranche d’histoire, une part de terroir et un moment jubilatoire ! 


 


Pour sa première participation au concours à l’âge de 48 ans, le sénior de la compétition surprend et impressionne par sa maîtrise.


 


MOF FROMAGER Oeuvre de Ludovic Bisot


 


J’ai participé au concours pour approfondir mes connaissances fromagères, sortir du quotidien et avoir un défi à relever.


 


Chose faite pour Ludovic, un grand enfant, qui porte désormais fièrement son col bleu blanc rouge.


 


MOF FROMAGER Oeuvre de Ludovic Bisot


 


Marc Janin, deuxième MOF de cette promotion, propose une version futuriste d’une ville, avec les différents fromages au sommet, tout en jouant sur les formes et les hauteurs. Il met un point d’honneur à la coupe de ses fromages: précises et techniques. Au sommet, on peut admirer la fenêtre ouverte qu’il a sculptée à même le fromage.


 


MOF FROMAGER Marc Janin, MOF 2015


 


Pour moi le fromage est un produit vivant qui possède de nombreux secrets gustatifs à découvrir.


 


Épanoui et passionné par ce métier depuis dix ans, à la reprise de la fromagerie familiale à Champagnole, Marc s’est très vite lancé le défi de devenir MOF. Déterminé, après un premier échec,  à 30 ans,  le benjamin de la promotion 2015 accède au titre.


 


MOF FROMAGER Marc Janin, son oeuvre © Guillaume Blanchon / Cniel


 


Ce titre de MOF, c’est l’aboutissement du travail de mes aïeux, dans une recherche de qualité continuelle.


 


Le col tricolore porté, ce jurassien a de longues années pour faire des étincelles, tout en suivant sa devise : « Avoir un pied dans le passé et la tête dans l’avenir ! »


 


MOF FROMAGER Oeuvre de Marc Janin


 


Petit retour sur l’épreuve, avec un aperçu du travail de trois autres candidats, dont la créativité n’a aucunes limites : tout simplement magique !


 


MOF FROMAGER Oeuvre d'Aurore


 


La création est ce qui crée l’émotion, c’est illimité. Tout est dans le détail et la précision. François Bourgon MOF 2011.


 


-Aurore, cette nantaise de 31 ans avec ses rouages d’une machine à remonter le temps. Une précision, de la technique et une inventivité qui nous transporte directement dans son univers.


 


MOF FROMAGER Aurore et son oeuvre


 


-Vincent, pour sa troisième participation au concours, propose une œuvre qui joue sur les nuances de lumières, une ville moderne avec sa grande tour et son horloge, ses lignes droites, ses hauteurs et ses fromages sous cloche : une élégance  qui ne laisse pas indifférent!


 


MOF FROMAGER Vincent et son oeuvre


 


Le fromage est mis en valeur par des créations et des associations d’idée ; c’est ce qui est fabuleux ! François Bourgon MOF 2011.


 


-Enfin, dans l’esprit d’un système solaire et de ses fromages qui gravitent autour, Christelle aime mélanger les genres et révèle toute son audace pour sa deuxième participation au concours.  Très aérien et détaillé, sa création est une vraie œuvre artistique !


 


MOF FROMAGER L'oeuvre de Christelle


 


On n’a jamais eu autant de femmes en final ! C’est la première année où sur les dix candidats, quatre sont des femmes.


 


Une évolution que constate Josiane Déal, MOF 2004 et membre du jury.  Parmi le jury, on croisera des MOF, comme Gérard Petit, Didier Lassagne, Xavier Thuret ou Bernard Mure-Ravaud, mais aussi des professionnels du métier, tel que Martine Dubois. Cette année, le président du concours est Christian Janier, MOF de la première édition de l’an 2000.


 


MOF FROMAGER Christian Janier, Président du concours et MOF 2000 @CP Cniel


 


Le métier de fromager évolue continuellement et délaisse son image rustique pour devenir un métier attractif aux yeux des jeunes et des personnes en désir de reconversion. Un fait très marqué depuis quelques années, comme le constate Gérard Petit, MOF 2004 et formateur depuis huit ans au Centre de Formation de Paris.


 


MOF FROMAGER Gérard Petit en train d'examiner le travail d'un candidat


 


Pour être fromager, il faut aimer le fromage, être passionné.


 


Alex, Julie et Boudjemaa, élèves au centre de formation confirment cette tendance et partagent leur vision du métier : tout en évolution et modernité.


 


C’est un patrimoine que l’on se doit de préserver. Mais il faut amener le fromage d’une façon différente, nouvelle, pour le faire découvrir aux plus jeunes.


 


MOF FROMAGER Julie, Alex, Boudjemaa, élèves au Centre de Formation de Paris


 


Sur les seize élèves de leur classe, six sont des filles, beaucoup sont des reconvertis, des épicuriens ou des personnes dont la famille avait un pied dans le métier (fromager/producteur). Les pieds sur terre et connaissant la réalité du marché, les jeunes sont pour la majorité prudents. Ils font d’abord des études (commerce ou autres) afin d’avoir un bagage au cas-où le métier de fromager ne marcherait pas pour eux. Ils veulent être acteurs dans la profession, en étant maître affineur-fromager.


 


Ce que j’aime dans ce métier, c’est le relationnel avec le client. Il y a un vrai lien de proximité que l’on crée avec eux, en étant leur fromager. On touche toutes les générations. -  Julie.


 


Pour eux, une chose à la fois. Devenir MOF n’est pas un objectif à atteindre à tous prix, c’est une démarche personnelle, qui peut venir avec le temps.


 


MOF FROMAGER Oeuvre de Ludovic


 


Loin d’être en déclin, le métier de fromagers prend un nouveau souffle grâce à une nouvelle génération qui allie tradition et modernité. De belles perspectives en vues.


 


 


Camille Baudoin

Marion Gordien.


Journaliste/JRI /photographe/ marion.gordien@guidedugout.fr


 


 


 


 



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mardi 24 février 2015

House of 3 Brothers

Une photo. Trois frères. De gros gâteaux tirés des recettes de la grand-mère. Il n’en fallait pas plus pour évoquer dans l’inconscient collectif des souvenirs d’enfance authentiques et chargés d’émotions. Comme une mamie qui coupe la part du gâteau qu’elle a fabriqué quelques heures plus tôt pour notre goûter, ici, on repart avec notre part généreuse de gâteau au fromage, tirée de la traditionnelle recette allemande de la famille Schmitt. Autant dire, unique. House of Three Brothers a ouvert mi-décembre 2014, une idée de Mirko, le petit dernier de la fratrie.


 


house of 3 brothers Photo prise lors du carnaval devant leur maison en Allemagne : Ulrich, Alexandre et Mirko (à droite)


Mes gâteaux, c’est comme ma collection, je suis créateur.


 


Mirko Schmitt est un autodidacte, un passionné. Très tôt, il est attiré par deux univers qui ne le quitteront jamais : la mode et la pâtisserie. Du haut de ses dix ans, Mirko est un téméraire et ne recul devant aucuns défis ; des gâteaux il aime ça et choisit de les réaliser lui-même : du classique à base de fromage au plus complexe telle que la Forêt-noire. Pour l’aiguiller et lui transmettre ce goût des bonnes choses, sa grand-mère et sa tante Léonie ont jouées un rôle important, toutes deux expertes dans l’art de la réalisation des gâteaux. À la clé, des parts gourmandes et généreuses pour chacun !


 


J’ai toujours été curieux et avide d’essayer plein de choses !


 


 


house of 3 brothers Mirko en train de préparer ses macarons noisette


Pourtant à quinze ans, Mirko doit choisir entre ses deux passions et s’oriente vers la mode. Avec une volonté de fer, le jeune allemand arrive à la capitale parisienne et fait une école de mode, l’ESMOD. Travailleur, pendant vingt ans il devient directeur de style pour des grandes marques telles que Chevignon ou Daniel Hechter.


 


Je suis issu d’une famille d’agriculteurs maraîchers. On m’a transmis la valeur du travail, c’est très important pour moi.


 


 


house of 3 brothers Mirko Schmitt


Comme un retour aux sources et un besoin vital, à 35 ans, Mirko se remet à faire beaucoup de gâteaux au fromage, tirés des vieilles recettes de famille, ses favoris. L’idée d’ouvrir son magasin commence petit à petit à germer et toujours avec un côté insouciant, téméraire et passionné, il se lance à quarante ans passés dans un CAP Pâtisserie en parallèle de son travail de consultant. Il aura fallu deux ans avant que la pâtisserie House of 3 Brothers n’ouvre ses portes, autour des gâteaux de son enfance, avec pour symbole la fratrie : Ulrich, Alexandre et Mirko.


 


Je voulais proposer des grands gâteaux familiaux, aux saveurs justes et authentiques, tels que je les ai connus petit.


 


 


house of 3 brothers Le comptoir central à gâteaux



On choisit son gâteau comme on pourrait choisir un beau vêtement. Au centre, au milieu de toute l’attention, se trouve le long comptoir où sont disposés la dizaine de gâteaux faits maison, tel qu’ils seraient ainsi mis sur une longue tablée familiale.


 


Les parts de gâteaux sont grosses et généreuses, c’est important pour moi, que chacun en ai pour son argent.


 


 


house of 3 brothers Les moules à gâteau qu'utilisaient sa grand-mère et son arrière grand-mère


Si le visuel est très important aux yeux de Mirko, il fuit la complexité des desserts à l’assiette et veut présenter un gâteau « sans chichis ». Tous de formes rondes, avec ou sans trou au milieu, Mirko utilise les moules à gâteaux de sa grand-mère et de son arrière grand-mère, riche en histoire de cent ans ! Une belle émotion qui se retranscrit dans ses réalisations finales.


 


À chaque fois que je démoule un gâteau, je m’émerveille toujours autant, je suis tout excité comme quand j’étais enfant !


 


 


house of 3 brothers Mirko en train de démouler ses gâteaux


En effet, le sourire qui se dessine ne semble plus avoir de limites, comme ses yeux qui brillent face à cette simplicité des plus efficace et ses souvenirs qui remontent à la surface.


 


Je fais des gâteaux avec peu d’ingrédients : du fromage blanc, du beurre, de la noisette, de la pistache etc. Ils doivent être beaux, simples et authentiques.


 


Le choix des bonnes matières premières est essentiel pour Mirko, pour rendre le plus fidèlement possible le goût des gâteaux de son enfance. Il utilise donc du beurre AOC en motte, un fromage blanc qu’il lisse lui-même afin de donner le côté compacte au gâteau ou encore des œufs fermiers. Mais la base de la maison, c’est ses gâteaux au fromage, où il a une maîtrise complète.


 


house of 3 brothers Les pistaches qu'il utilise


Ce qui me plait dans ce métier, c’est de trouver les bons fournisseurs ; c’est cette relation que l’on tisse avec eux.  


 


On retrouvera donc son gâteau au fromage favori, actuellement au crumble-pomme. Avec des morceaux de pommes saupoudrées d’un peu de cannelle, du raisin, du crumble sur le dessus et un cœur au fromage blanc compacte, le goût est franc et la bouchée généreuse.


 


house of 3 brothers Gâteau au fromage crumble-pomme, le coeur de sa collection d'hiver


L’occasion de goûter au délicieux pain d’épice de sa grande tante Léonie, le gâteau préféré de son frère Alexandre. Le secret ? De la mélasse qu’il ramène spécialement d’Allemagne.


 


Il y a quelques années mon frère m’appelle et m’annonce qu’il a retrouvé la recette du pain d’épice de Léonie qu’on croyait perdue !


 


 


house of 3 brothers Pain d'épices tiré de la recette de sa grande tante Léonie


Pour Ulrich, c’est le Katzi son favori, qui veut dire « petit chaton ». Un gâteau moelleux au chocolat fondu et aux noisettes.


 


Mes gâteaux évoluent avec les saisons, là on aura de la pistache, des noisettes, des noix.


 


house of 3 brothers Gâteau à la pistache


 


Tout part de la famille, c’est ce qui me plaît, c’est mon éducation. Je veux que les gens aient l’impression en partant avec leur part de gâteau que c’est leur grand-mère qui leur a fait le paquet.


 


L’univers de la mode imprime les lieux et ne quitte pas Mirko, comme en attestent les évènements qu’il crée en fonction des saisons, comme la « Lovers Week » pour la Saint-Valentin ou actuellement la « Lemon Week », avec des créations éphémères tout au long de la semaine.


 


house of 3 brothers Gâteau au fromage citron-pavot -vanille


  


Mirko propose aussi les célèbres macarons noisette, le produit phare en Allemagne pendant les périodes de Noël.


 


house of 3 brothers Macaron aux noisettes


 


Mirko continu avec brio à faire perdurer le savoir-faire familial, par ses recettes uniques et chargées d’histoire. Il a réussit à insuffler dans chacun de ses gâteaux, l’émotion franche et directe que l’on ressent enfant, sans passer par cette phase d’analyse que l’on a étant adulte. Il suffit d’une bouchée pour qu’en un instant on ressente un sentiment de sécurité et de réconfort.  Un gâteau qui va droit au cœur.


 


 


Camille Baudoin

Marion Gordien.


Journaliste/JRI /photographe/ marion.gordien@guidedugout.fr



House of 3 Brothers